Cette nouvelle visite au Mont Tailland, par son versant Sud depuis la Chalp de Crévoux en longeant au plus près la rive gauche de la dantesque Combe de la Pare n'étant d'une manière générale que la répétition de la reconnaissance effectuée en solo par l'Ours en
mai 2020 adaptée à mes moyens c'est-à-dire en respectant à peu près les recommandations de son
Nota Béné, je me garderai bien de reprendre sur cette fiche la présentation qu'il en a faite et le Topo associé d'une précision que je suis incapable d'atteindre.
Comme, par ailleurs, le diaporama que nous en avons tiré nous paraît suffisamment détaillé et commenté pour satisfaire la curiosité de tous ceux qui seront intéressés par la reprise de cette nouvelle aventure, je vais limiter mon propos aux seuls ressentis pendant et après la randonnée qui seront quelque peu biaisés du fait que je l'ai entreprise alors que je n'étais pas complètement remise de ma bambée accompagnée d'une grosse fatigue à la Pointe de Serre 3 jours auparavant !
D'autant plus que :
- le sentier de la Cabane et du Col de Jaffueil emprunté jusqu'au collet, bien qu'enrichi de 2 panonceaux directionnels, est toujours dans un déplorable état d'abandon,
- après avoir eu tout juste le temps de reprendre son souffle au franchissement du dit collet, la traversée du pierrier d'accès au vallon de Jaffueil n'a rien d'une partie de plaisir même si, en montant toujours sur le sentier jusqu'à la rupture de pente, l'Ours a trouvé une relativement bonne sente à moutons qui aide bien !
- la pelouse du pied du vallon de Jaffueil n'offre qu'un très court nouvel instant de répit avant la brutale attaque de la première des 2 grandes pentes abruptes semi-herbeuses à négocier au mieux pour grimper jusqu'à la première crête (cumulant environ 200m de dénivelé) d'où l'Ours, pensant m'aider en minimisant le dénivelé de seulement 30 à 40m, a eu la mauvaise idée de partir directement en traversée dans un dévers compris entre 30 et 40° dont j'ai une sainte horreur, comme s'il ne le savait pas ! et n'a pas l'expérience de combien c'est démoralisant de le voir évoluer aussi aisément que sur les Champs-Élysées alors que, crispée comme pas deux, j'en bave un max; de plus, je ne suis pas à 40m de dénivelé près !
- une fois traversé le très agréable court répit offert par le cercle de pelouse épargné des blocs granitiques laissés en héritage par la disparition du glacier qui occupait le talweg de cette vaste combe suspendue, se dresse devant nous le deuxième grand escalier herbeux (cumulant environ 150m de dénivelé) à remonter avant d'enfin arriver à la crête, principal objet de cette originale randonnée; nous y avons effectué une bienvenue pause-ravitaillement. Cette crête particulièrement accueillante à la croupe d'apparence légèrement ondulée jusqu'à ce qu'elle se fonde dans le versant Sud du Mont Tailland, présente une rive Est quasi rectiligne des plus débonnaires qui tranche avec sa vertigineuse et festonnée rive Ouest (rive gauche de cette fameuse Combe de la Pare dont je découvre le dantesque relief quel qu'en soit le point de vue, en voir quelques preuves depuis :
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la crête sans nom entre le Quartier du Haut et les Enfers ,
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le Pic de Crévoux ,
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le Pic St-André .
D'une longueur d'environ 1600m pour une dénivellation de 388m jusqu'au sommet du Mont Tailland soit une pente moyenne de seulement 14°, dès la première bosse franchie, le sommet étant constamment visible et apparaissant beaucoup plus proche qu'il n'est, son parcours va me paraître interminable !
Heureusement que le spectacle y est grandiose, les bocs granitiques très colorés suffisamment épars pour y trouver à son gré un cheminement en définitive peu caillouteux à l'exception de l'ultime traversée pour rejoindre la crête Est du Mont Tailland à quelques m de son rachitique cairn sommital; et encore c'est, paraît-il, en suivant l'Ours que j'ai évité le pire !
Sommet où, profitant d'exceptionnelles conditions météo, nous avons eu presque trop chaud le temps de notre pique-nique le dos contre le cairn car, depuis belle lurette à la radio, la Marmotte avait prévenu l'Ours qu'ayant tenté la traversée du pierrier d'accès au vallon de Jaffueil bien trop tôt, elle n'y trouvait pas le cairn de l'Ours et ne voulant plus user ses courtes pattes en pareil terrain retournait sur le sentier pour monter jusqu'à la Cabane, ce qui suffirait largement à son bonheur, nous recommandant d'organiser la suite de notre randonnée comme bon nous semblait car, après une petite sieste dont elle a le secret, elle redescendrait jusqu'au parking sans nous attendre.
Nous en avons profité pour prendre tout notre temps en restant 1h30 sur place sans arriver à me souvenir de mes 2 précédents passages par ce sommet, les
3 juin 2014 et
23 juillet 2017 au point que :
- je ne me souvenais pas qu'il y avait ici un tel pierrier sommital quasiment horizontal qu'il faut pourtant franchir pour poursuivre par sa crête Nord-Est !?
- ah bon ! il ne t'a pourtant pas échappé que je t'ai moins attendue dans la traversée de la grimpette finale en dahu en terrain schisteux pour te laisser choisir ta trajectoire et me placer hors de portée de tes récriminations si tu choisissais de me suivre au lieu de poursuivre tout droit sur la croupe comme tu préfères et devoir ensuite te tartiner la traversée de ce chaos rocheux ! la seule alternative raisonnable étant la traversée en sens inverse à la nôtre pour sortir en crête à son premier collet Est ce qui oblige à un aller-retour sur la vague sente qui conduit à ce sommet; perso, une fois me suffira, même si cet exercice est loin de me déplaire !
- alors comme ça tu m'aurais laissée me planter ?
- je ne pouvais pas imaginer que tu avais oublié et me disais que si tu pensais que c'était la voie la plus cool, tu allais faire l'expérience du contraire !
Après avoir passé en revue les sommets connus de ce fabuleux 360°, un peu déçus que le Mont Blanc ne soit pas sorti des nuages, nous avons fini par penser à redescendre. La portion parcourue de cette longue crête Nord-Est jusqu'à sa confluence avec celle en rive droite du vallon de Jaffueil qui offre la descente la plus directe, est toujours aussi majestueuse. Elle m'a remis en mémoire notre sportif aller-retour du
10 janvier 2019 , tout en me faisant constater que sa descente pédibus est tout aussi éprouvante pour mes genoux que crampons aux pieds, même si l'Ours nous a fait négocier au mieux les quelques petites portions caillouteuses et rocheuses toujours aussi colorées et de me faire bien constater aussi que la traversée de la vaste combe suspendue de droite telle que je l'avais souhaitée ce matin aurait été une infâme galère vu l'immense pierrier qui en occupe la plus grande partie.
Après une nouvelle pose de 20 mn pour me remettre de la descente jusqu'au talweg du vallon de Jaffueil, le suivre jusqu'à notre retour par la trace de montée n'est plus qu'un long fleuve tranquille, il n'empêche que j'étais très heureuse de retrouver le confort du Duster.
En conclusion : quoique revenue bien fatiguée, j'ai beaucoup apprécié cette longue, sauvage et très originale randonnée où il est peu probable de croiser des bipèdes en dehors de la crête sommitale.