Tête de Couleau, 3038 m : la troisième pour l'Ours après
Juillet 2011 et
juillet 2016 , une première pour moi qui ai toujours eu bien du mal à comprendre pourquoi il tenait tant à m'accompagner sur ce qui me paraissait n'être qu'un infâme tas de cailloux instables d'un accès peu évident me faisant très peur et dont le seul fait qu'il dépasse les 3000m ne justifiait pas l'ascension coûte que coûte ! Ce à quoi il m'avait toujours répondu :
- certes, il y a plus plaisant comme grimpette j'en conviens volontiers mais, crois-moi,
le panorama offert par cette Tête bien qu'excentrée au Nord-Est du fabuleux
tripode constitué par les arêtes de son antécime Sud-Ouest est à mon sens bien supérieur à celui obtenu depuis le sommet du Pic de Rochelaire et de la Tête de Vautisse, bien que le moins élevé des 3. De nulle part ailleurs tu n'as une vue aussi aérienne et saisissante à la fois sur :
- les
3 Vallons de Fourant, Méan et Couleau , constitutifs de la profonde Vallée du Couleau jusqu'à la Durance au Sud-Est !
- l'immense et si singulier
Vallon du Fond de la Cabane qui ferme la Vallée de Freissinières du Col du Ruffy au Petit Pinier via le Roc Blanc, le Col des Terres Blanches, la crête des Lauzes Rousses, le Tuba et bien évidemment le Col du Fond de la Cabane au Nord-Ouest. Pour faire bonne mesure, le tout s'étendant par dessus et à l'Ouest du Roc Blanc à toute la dorsale de la Pointe des Rougnous à l'Aiguille via le Mourre Froid, le Pain de Sucre, l'Homme devant la Pointe de la Diablée, la Pointe Reyna et le Garabrut ceinturant la haute Vallée du Drac qui, de par l'échancrure de Prapic-Orcières, laisse voir le Massif du Dévoluy. Tandis que plus au Nord on observe le Grand Pinier se confondant avec le Sirac suivi de la longue Crête de Dormillouse courant en rive gauche de la Vallée de Freissinières tout en laissant apercevoir en arrière-plan une partie du Massif des Ecrins.
- tandis que la très intéressante et somme toute assez débonnaire crête que je suis allé reconnaître en aller-retour en juillet 2016 lorsque tu as dit basta au cairn sommital de la Tête de Méan offre à mon sens l'accès le plus cool à ce sommet peu visité et sur l'intégralité de son parcours une
vue inégalée sur tout le Vallon du Distoit et, plus généralement, l'encore plus profonde et encaissée Vallée du Rabioux fermée au Sud par, d'Est en Ouest, les Têtes de Soleil-Boeuf, de l'Hivernet et de Chante-Perdrix, Pic de Pied Brun et Pointe de Serre entre autres.
- il n'en reste pas moins que, pour ce que j'ai pu observer depuis la Baysse et la Tête de Méan, je pense que nous pourrons assez simplement y accéder par la pente de la rive gauche du Distroit mais tant que nous ne sommes pas allés voir, il subsistera une part d'incertitude que je t'invite à lever en acceptant de soutenir mon projet, dont je suis à peu près certain qu'il s'agira alors de la meilleure voie pour rendre visite à ce sommet des plus confidentiels.
- Bien chef ! (parce qu'il a horreur qu'on le nomme ainsi !) mais pour moi ce n'est pas la rampe d'accès qui m'inquiète, tu sais bien que tant que j'ai le nez contre la pente et que je ne vois pas le vide, je monte ! mais c'est la suite, cette crête me fait vraiment peur !
- ça, c'est parce que tu n'as pu l'observer que de face depuis la Tête de Méan tout le temps de mon aller-retour mais je t'assure que si elle est certes assez caillouteuse quoique nous ayons connu bien pire, elle est suffisamment large, absolument pas impressionnante et pas aussi pentue que tu l'imagines e, dans tous les cas, bien moins que la rampe d'accès qui ne t'inquiète pourtant pas, même si elle est inférieure à celle de l'accès à la Baysse de Méan depuis le Vallon homonyme que tu as pourtant bien montée et descendue sans râler !
- oui mais il y a déjà 7 ans ! si pour toi le temps ne paraît pas compter pour moi si ! alors je t'avertis, j'irai très doucement à la montée et encore plus à la descente ! tu devras faire preuve de patience.
Et voilà comment, pour ne point trop frustrer un Vieil Ours, je me suis laissée embarquer dans cette nouvelle aventure dont, aujourd'hui, je ne suis absolument pas fâchée bien au contraire; il a bien eu raison d'autant insister pour m'en convaincre car effectivement, si je suis arrivée au sommet assez fourbue, je suis bien obligée d'avouer que la vue de là-haut mérite bien un tel effort d'autant que, servie par des conditions météo exceptionnelles : temps clair, pas un pouce de vent, tout autour de nous, seuls au monde, j'ai tout reconnu de l'exceptionnel tour d'horizon décrit plus haut qui m'a laissée sans voix et j'ai beaucoup apprécié tout le temps passé sur cette confortable terrasse sommitale où nous avons évoqué nos souvenirs communs et même plus anciens pour chacun au point d'oser solliciter une nouvelle mise au programme de la Tête de Vautisse pour laquelle je garde les souvenirs émus de ma première ascension avec mes 2 soeurs il y a fort longtemps, puis en 2000 en groupe, à nouveau en 2003 avec ma fille Sylvie et Sandrine avant l'avant-dernière remontant à
août 2014 déjà orchestrée par l'Ours en compagnie de la Marmotte et nos ami(e)s Rosine et Daniel; ce sera donc ma 5ème visite à la Tête de Vautisse !
Au retour, nous avons rendu une nouvelle visite à la Tête de Méan en court-circuitant quelque peu, à la montée, la clémence de la pente autorisant une arrivée directe au collet suivant sans aucun risque. De là, nous avons rejoint la trace de montée et repris la diagonale schisteuse entre 2 petites barres rocheuses facilitant la liaison entre la pente suspendue à l'Ouest de la Tête de Méan et celle du vaste plan incliné Sud où il est possible de passer où l'on veut, l'Ours choisissant d'éviter un équilibre plus précaire sur les dalles gravillonneuses de la traversée entre la bordure suivie et la susdite diagonale entreprise une peu trop tardivement à la montée que bien calé tout droit au milieu du pierrier, certes très pentu, mais facilement négociable grâce à l'abondante humidité apportée par le gros orage de la veille - probablement plus délicat à passer en période de sècheresse - pour, dès que possible, revenir sur la trace de montée nettement plus confortable et de moins en moins pentue.
Même si tout s'est super bien passé, ce fut un profond soulagement lorsque mes ripatons retrouvèrent le doux gazon de la pelouse alpine pour, dans d'agréables vallonnements, rejoindre en roue libre la Croix de Razinette, théorique point de rendez-vous avec la Marmotte. Sauf qu'entre-temps, loin derrière nous, cette dernière ayant raté la traversée du Torrent du Distroit dans sa partie quasi-horizontale où sa subdivision en plusieurs branches en facilite l'entreprise sans se mouiller les pieds, s'est retrouvée condamnée à poursuivre en rive droite sur un itinéraire de plus en plus caillouteux et scabreux jusqu'à trouver une bien plus périlleuse issue entre des cascadettes qui, à posteriori, ont hérissé l'échine de l'Ours qui, s'étant inquiété de sa position avec leur radio, est parti à fond les manettes jusqu'au belvédère de la Croix de Razinette pour voir s'il arrivait à la localiser. Peine perdue car, suite à cet exploit, quelque peu fourbue, elle lui précisait qu'ayant retrouvé le sentier du Lac du Distroit, elle effectuait une bonne pause avant d'entreprendre un bien plus tranquille retour par la rive gauche pour cette fois retraverser sur le bon itinéraire et poursuivre à son rythme :
- pique-niquez en prenant tout votre temps là-haut et peut-être que vous me rejoindrez avant le parking ?!
Ainsi nous avons pu, pour la première fois, largement apprécier la magnifique localisation géographique de cette Croix de Razinette toute en proue de drakkar de ces si singuliers Grands Clots qui nous ont tant séduit(e)s en
juillet 2021 lors de notre retour par le
Col du Ruffy . Lieu des plus paisibles entre très anciens polis glaciaires et doux gazon alpin invitant à la méditation face aux austères falaises de
la Tête des Maitz et de la Crête de Valaoute nous faisant presque oublier la bambée du jour dont je suis fière même si je lui ai tourné le dos pendant toute cette
salutaire pause aussi tardive qu'elle ait été.
Le retour, toujours par le sentier soi-disant interdit aux touristes et autres randonneurs alpins bien que simple formalité, s'est avéré comme toujours beaucoup plus long qu'à la montée même si nous avons quand même grillé la priorité à la Marmotte visiblement affectée par sa scabreuse improvisation à quelques encâblures du Duster.
En conclusion : mission accomplie ! l'Ours fier de l'innovation longuement étudiée et maintes fois proposée ! quant à moi, très heureuse d'y être arrivée et d'en avoir bien profité, je ne suis quand-même pas prête à y retourner !!!
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