Traversée de Jalinier et Barrican par les crêtes, retour par les 2 Vermeil, depuis Grand Abian et le pied du Ravin de St-Etienne, la Motte-du-Caire, Alpes de Haute-Provence.

Il s'agit, à 2 petites variantes près, de la simple répétition de cette randonnée postée sur VisoRando par Chris05 , accompagnateur de montagne à la Bâtie-Neuve, que nous remercions chaleureusement pour cette initiative de partage avec le plus grand nombre.
Ah ! Jalinier ! ce sommet d'altitude certes modeste impressionne malgré tout le randonneur curieux de par la fière silhouette qu'il arbore depuis tous les sommets environnants qui le dominent quel qu'en soit l'azimut : Bramefan, Grande Gautière, Roche Cline, Montsérieux, Piéfourcha, Malaup, les Chanderettes, les Croix, pour ne citer que les plus proches. Il y a donc belle lurette que l'Ours l'avait repéré et souhaitait depuis lors lui rendre visite, tout en craignant de se heurter à des propriétaires aussi peu accueillants que ceux de Roche Cline. Il aura donc fallu la publication de Chris05 sur VisoRando, immédiatement contrariée par nos précédents confinements, pour que l'Ours m'invite à y aller dès que la limitation aux 10 km de rayon serait levée, voilà qui est fait et nous ne le regrettons pas.
Si la traversée de Jalinier reste une aventure somme toute modeste pour les individus aussi véloces que l'Ours, de par son caractère extrêmement sauvage et son parcours des plus ludiques, elle l'a malgré tout enthousiasmé; quant à moi, surnommée "Chamois Crapaud" c'est dire ! elle m'a également enchantée car grâce à la végétation je n'ai pas eu peur et j'ai toujours pu éviter les passages en équilibriste sur le fil de l'arête en me tenant facilement de part et d'autre sur de petites vires.
Et nous avons eu l'extraordinaire surprise, après un mois d'avril sibérien et un début mai particulièrement pluvieux, de découvrir quelques plants de pivoines sauvages à peine en boutons au début de la crête, puis plus haut mieux protégées par le relief avec quelques boutons prêts à éclore, pour après tomber sur un festival de plants déjà bien épanouis; nous n'en croyions pas nos yeux, pourtant habitués aux apothéoses florales de la Montagne de Chaillans et tout particulièrement de la crête de la Tête de Boursier jusqu'au Colombier via les Croix.
Ces observations botaniques, les prises de vues conjuguées à ma lente progression en pareil terrain ont fait que, même partis de bonne heure, nous sommes arrivés à l'antécime Nord-Ouest pour notre pause-ravitaillement à 11h20, bien trop tard pour que l'Ours pousse jusqu'au bout du bout comme je l'ai toujours vu faire, même s'il m'a invitée à poursuivre d'une dizaine de m pour revenir ensuite sur la bonne draille par une traversée boisée des plus pentues. D'ailleurs même ensuite pour rejoindre le collet avant la remontée au sommet de Barrican, heureusement que la forêt est relativement dense, sinon je ne vous dis pas la trouille que j'aurais eu.
Et de récidiver un peu plus loin en descendant de Barrican :
- la voie normale est de descendre de 130m jusqu'à l'arbre solitaire en versant Sud-Est, mais vu la splendide hêtraie que nous avons à notre gauche (Nord), je pense qu'il est plus intéressant d'en tenter le raccourci en croisant les doigts pour qu'il n'y ait pas de barres rocheuses non représentées sur l'IGN, qu'en penses-tu ?
- si tu crois que c'est mieux et plus court, pourquoi pas !
Et nous n'avons pas été déçus : terre bien meuble entre de très beaux hêtres et des nervures rocheuses plus ou moins affleurantes, c'était tellement ludique que sans la vigilance de l'Ours nous aurions eu vite fait de nous embarrer pour avoir trop tardé à franchement tirer à droite par de sympathiques vires à chamois pour effectuer la jonction avec la crête suivante avant les infranchissables ravines au Sud des Clots; résultat deux descentes de caractère bien visible sur la vue que l'Ours a exhumée de ses archives. Alors que la Marmotte nous annonçait à la radio qu'elle avait suivi la piste de notre trace de retour au-dessus de Vermeil-2, qu'à 7km du départ et sachant que nous devrions remonter de 250m pour repasser le collet avant le Grand Abian, elle décidait d'en rester là et nous attendait pour notre pique-nique à la cote GPS de 1055m; l'Ours lui répondant OK puisqu'il était bien trop tard pour que nous parcourions le bonus de la crête du Défens tel qu'il l'avait imaginé.
Le sentier toujours en crête qui suivait est très agréable et heureusement la monotonie de la longue piste de retour est très agréablement ponctuée par les deux alpages des deux Vermeil séparés par de monstrueuses ravines marneuses lui imposant autant de sinuosités. Comme de coutume avec l'Ours, excepté la première ferme au caractère détruit par sa rénovation en parpaings bruts, nous avons longuement visité les anciens lieux de vie de Vermeil-1, ainsi que l'alpage et la ruine de la ferme du Grand Abian, avant le délicieux sentier de retour avec sa magnifique hêtraie, l'original Champ de la Dame, suivi d'une forêt plus claire aux essences mélangées malgré la prépondérance des pins et un sentier qui commence à être quelque peu dégradé par sa fréquentation par les VTTistes, qu'est-ce que ça va être dans quelques années ? dommage !
En conclusion : une superbe randonnée qui n'a aucune chance de souffrir d'une quelconque surfréquentation.

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