Canal Rouvier en rive Gauche & Canal Gramorel en rive Droite du Rabioux, par St-Marcellin, la Rouvière & les Pignes; retour par GR50&653D via les Martins, le Vazet & les Pins, depuis Châteauroux; Châteauroux-les-Alpes, Hautes-Alpes.

Ah ! parcourir les deux versants, ô combien abrupts et sauvages de cette basse vallée du Rabioux en circuit par les assises de ces 2 singuliers canaux que sont le Canal Rouvier en rive gauche et le Canal Gramorel en rive droite, l'Ours en rêvait depuis sa première découverte en 2011 de ce dernier doublé par un sentier balisé et sécurisé, répertorié depuis longtemps sur la carte Top 25 de l'IGN.
Mais en rive gauche ? si le Canal Rouvier figure bien sur la même Top 25 sur toute sa longueur, de sa prise d'eau sur le Torrent du Distroit en aval de la spectaculaire Cascade de la Pisse, juste avant sa confluence avec celui du Rabioux, jusqu'au Torrent de Champ Martheron, il y est tracé en trait bleu continu seulement jusqu'à sa traversée du Torrent de la Queste et en grands tiretés après sur la totalité de la suite de son tracé; représentation pour le moins ambiguë, ne différenciant plus les parties gainées, voire souterraines ou en surface comme dans sa première partie ! Qu'en est-il vraiment de la possibilité de le suivre en pédestre sur toute sa longueur ? Sa visualisation sur les photos aériennes de l'IGN zoomées au maximum laissant planer un sérieux doute, au moins sur son franchissement des zones les plus ravinées en amont du Torrent des Fasis et du Torrent de la Pignie au-dessus du site des Demoiselles Coiffées, voire même son passage en balcon très étroit entre le torrent affluent de celui de la Queste et ce dernier ?
Tous ces doutes réunis avaient conduit l'Ours à ranger cette randonnée dans le tiroir de ses illusions perdues, jusqu'à notre randonnée à Roche Aiguë qui, nous ayant conduits à enjamber le Canal Rouvier et à constater qu'à l'évidence il était, au moins dans ce secteur, parcourable et parcouru par beaucoup de monde, vététistes compris, a ravivé l'envie de remettre son projet à l'ordre du jour, d'autant qu'en consultant Internet il a eu la confirmation que ce canal était effectivement toujours actif et donnait lieu à un entretien régulier par l'entremise des traditionnelles corvées organisées entre ayant-droits et que quelques randonneurs l'avaient déjà emprunté.
Alors, comme de nos jours il n'est plus question d'exposer même des corvéables à des risques majeurs ! si eux passent nous devrions bien arriver à passer, a-t-il répondu pour minimiser mes craintes ! il n'empêche que lorsque j'en ai accepté l'augure, mis au pied du mur, il s'est empressé de rechercher des renseignements plus précis en téléphonant sans le faire exprès directement à la Mairie de Châteauroux et de tomber sur une secrétaire, d'autant plus incroyable que rare de nos jours :
- Mairie de Châteauroux, bonjour !
- ô excusez-moi Madame, je pensais avoir composé le numéro du syndicat d'initiative !
- oui ! mais nous n'avons plus de syndicat d'initiative qui est désormais assuré par la Maison du Parc des Ecrins, alors c'est moi qui répond !
- si je peux me permettre d'abuser de votre précieux temps, vous pourrez peut-être répondre à ma question qui était de savoir si le Canal Rouvier était praticable en pédestre sur toute sa longueur ?
- ô là ! je ne sais pas, mais franchement je ne le pense pas !
- pourtant j'ai vu sur Internet qu'il était toujours actif et que des corvées d'entretien étaient organisées !
- effectivement, attendez un instant je vais regarder dans mes fiches pour voir si la corvée de cette année a été faite !
- c'est le seul dont je n'ai pas la fiche, donnez-moi votre numéro de téléphone, je me renseigne et vous rappelle de suite après;
et un peu plus tard :
- voilà, j'ai eu la présidente de l'association au téléphone, qui vous conseille de trouver une autre randonnée, car le canal ne peut pas être suivi en plusieurs secteurs, tout particulièrement au niveau des Demoiselles Coiffées et en d'autres endroits où il est très étroit et dangereux !
- je comprends bien qu'en tant que responsable elle ne peut pas conseiller un pareil itinéraire, pourtant puisque ceux qui participent aux corvées passent, ce doit être possible à moins qu'il y ait une interdiction formelle de la part de la mairie ?
- non ! il n'y a aucune interdiction et je vous ai fidèlement transmis les propos de la présidente !
- oui ! j'ai bien compris, dans un premier temps je pense que j'irai voir tout seul !
- ah ! parce que vous comptiez y accompagner d'autres personnes ?
- ô rassurez-vous, pas un groupe ! nous ne serons que deux et relativement bien entraînés à ce type d'activité !
- soyez prudents !
- merci beaucoup, Madame, pour ces précieux renseignements, votre patiente gentillesse et votre réactivité !
Ce n'est donc qu'à moitié rassurés sur sa faisabilité que nous avons tenté cette nouvelle aventure avec, pour notre sécurité, la ferme intention de ne pas outrepasser nos compétences afin de garder la possibilité d'un demi-tour avant qu'il ne soit trop tard, s'il advenait que nous y soyons contraints. Cette dernière n'a réellement commencé qu'en amont de St-Marcellin, lorsque nous avons abandonné la route de la Rouvière et des Fasis pour emprunter un raide piste agricole qui débute entre les 2 dernières villas, passé les réservoirs d'eau, poursuivie en bordure de la haute clôture d'une plantation de chênes truffiers et en continuant de grimper hors sentier sur cette croupe jusqu'à y trouver une autre piste agricole qui se perd dans une prairie avant le macadam de la route de la Rouvière. Alors, toujours aussi respectueux du travail des agriculteurs, vu la hauteur de l'herbe, nous avons contourné tous les champs en amont par leurs lisières boisées jusqu'à tomber sur cet improbable très vieux sentier, en partie caladé, qui nous a conduit fort opportunément jusqu'au terminus de la piste sylvopastorale en amont de la Rouvière et en aval sur quelques m du Canal Rouvier, superbe raccourci qui mériterait d'être un peu mieux entretenu et pourquoi pas balisé pour une intéressante balade familiale.
De là, suivre le canal par la sente qui court sur sa rive droite est intéressant et relativement ludique pour ceux qui aiment ce genre d'exercice que nous continuons à beaucoup apprécier, jusqu'à ce qu'il traverse en souterrain la première large ravine, objet de notre première incertitude, où nous remarquons des traces de pas bien marqués sur une sente en forme de continuité évidente dont la difficulté pas plus que l'exposition ne nous paraissant excessives, nous nous engageons avec prudence et arrivons à passer l'obstacle sans problème même si l'usage d'un piolet aurait pu s'avérer utile et s'il est fort probable que, compte tenu de l'expérience acquise ensuite, il soit encore plus facile et beaucoup moins risqué de passer plus en amont en terrain plus sûr et plus végétalisé sur lequel court peut-être une plus confortable sente que, par ignorance, nous n'avons pas cherché à identifier.
Le canal retrouvé tout de suite après avoir franchi le Torrent de la Pignie, il repasse en souterrain pour franchir la vaste zone érodée des Demoiselles Coiffées où nous faisons exactement la même constatation que précédemment, avec quand même un sérieux doute sur la possibilité de rejoindre la rive opposée à la lèvre verticale et d'apparence infranchissable !? Mais y aurait-il une issue salvatrice que nous ne voyons pas de là, puisque le même type de sente y est bien marquée ? Après concertation, nous décidons de nous avancer pour nous en assurer, quitte à devoir revenir sur nos pas.
Comme nous nous en doutions, en l'absence de passage secret, l'obstacle est infranchissable par cet itinéraire et nous ne sommes pas les seuls à en avoir fait les frais, vu les empreintes de semelles bien marquées en période plus humide, alors nous vous déconseillons formellement de répéter cette séquence quelque peu périlleuse et parfaitement inutile puisque, revenus sur sa rive gauche, nous avons découvert une sente relativement bien marquée qui monte en lacets très raides au départ entre les arbres sans le moindre danger. Plus haut, elle s'adoucit rapidement pour ensuite traverser horizontalement avant de redescendre tranquillement pour rejoindre le canal (notre trace l'a plus ou moins volontairement perdue pour venir observer de par dessus les impressionnantes ravines qui font suite à notre tentative avortée au résultat sans appel : au-delà de notre prudent demi-tour sévit un relief dantesque que seuls les oiseaux peuvent voir de plus près.
De retour sur l'assise du canal qui se poursuit toujours en souterrain, le répit est de courte durée car on arrive de suite sur la vaste et assez spectaculaire combe cumulant le ravin secondaire et le principal du Torrent de la Queste, la liaison entre les deux étant assurée par un impressionnant passage sur un très étroit balcon à l'abri providentiel d'une barre rocheuse au relief inversée, attention : passage filiforme sur la haute rive très aérienne d'un canal très profond où l'on a tout intérêt à rester particulièrement prudent, chute interdite ! Ensuite, si la traversée du Torrent de la Queste, à sec en dehors du passage en cascade par l'eau du canal ne pose aucun problème technique, il se poursuit par une rude grimpette dans un pierrier de gros blocs qui signe à l'évidence un passage surexposé aux chutes de pierres qui ne peut pas être protégé par le simple port d'un casque ! il est donc hors de question de se retrouver là s'il y a le moindre risque orageux ou en période de gel-dégel de reste de pente encore enneigée en amont jusqu'au sommet de la Gueste (et NON de la Queste comme récemment nommé sur Géopartail, une ânerie de plus !) .
Plus en amont, le canal est à nouveau à l'air libre et de noter au passage la très rustique grille de filtrage à l'entrée de la buse de gainage, constituée de 3 bâtons verticaux indépendants plantés au fond du canal, appuyés à cette dernière et bloqués par un 4ième quasiment horizontal, planté dans le talus amont et calé par une grosse pierre sur la rive aval. Nous y observons un niveau d'eau qui recouvre largement le haut de la buse et dont la surface est bien chargée en détritus végétaux et constatons quelques dizaines de m plus loin que le canal déborde avec le risque d'endommager sérieusement son endigage aval. Alors l'Ours, toujours prêt à se monter utile, me propose notre B.A. du jour : nous retournons débarrasser le susdit filtre qui était effectivement bien encombré sur toute sa profondeur.
Satisfaits de notre action, nous repartons sur cette désormais belle rive droite bien plus facile et très agréable à suivre, un véritable régal jusqu'à sa traversée de la Route de la vallée du Rabioux en amont de la bifurcation d'accès au parking des Muandes. Sa suite en aval de celle-ci est bien moins ludique, peu ou pas entretenue et assez broussailleuse sur sa rive droite avec au début deux mini-effondrements un peu plus délicats à passer; mais nous avons absolument tenu à poursuivre jusqu'à sa prise d'eau à proximité du pont qui enjambe le Torrent du Distroit en aval de sa célébrissime Cascade de la Pisse, pour effectuer notre demi-tour sur le petit parking avec sa placette dédiée aux informations relatives à l'entrée dans le Parc National des Ecrins. Retour par la route puis le sentier du parking des Muandes en direction de sa passerelle sur le Rabioux mais, comme il aurait été bien trop facile de le suivre jusqu'au bout, l'Ours m'a encore inventé une variante nous faisant progresser au plus près de l'eau jusqu'à la susdite passerelle indispensable vu le niveau d'eau en cette saison.
Après un fort agréable pique-nique en rive droite avec en toile de fond les impressionnantes falaises de la rive gauche dont nous venons grâce à l'exceptionnel travail de nos anciens de parcourir en toute impunité les pentes abruptes de leurs bases, gloire et respect en leur mémoire, sans oublier bien évidemment tous ceux qui contribuent à son entretien et le pérennise année après année.
Retour des plus tranquilles (malgré au début un passage quelque peu tort-cheville parmi les blocs, certains jours très glissants, d'un gros pierrier; faut préciser que si ce n'est qu'un deuxième passage pour moi, c'est au bas mot le 5 ou 6ième pour l'Ours qui ne les a pas vraiment comptés avec, pour ce dernier la frustration de trouver le Canal Gramorel à sec, ses corvées n'étant probablement pas terminées !) par le sentier balisé qui jouxte le Canal Gramorel jusqu'à sa proximité en amont des Pinées d'où nous avons rejoint le GR 50 et par lui notre parking de départ.
En conclusion : superbe et fort intéressante randonnée au coeur d'une des vallées, pour ne pas écrire la vallée la plus sauvage de tout l'Embrunais pris au sens le plus large. Mais, par pitié, si après avoir lu ce compte-rendu pour lequel nous avons essayé de rendre la rédaction la plus factuelle et objective dont nous sommes capables, vous envisagez de nous imiter, n'y allez pas avec vos enfants et/ou votre grand-mère et veillez à toujours avoir le plus grand respect pour le travail de tous ceux qui maintiennent en état ses fragiles installations dans un milieu aussi compliqué, voir hostile.
Articles trouvés sur Internet :
camptocamp.org
sitytrail.com

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