Tour de l'Aiguille, Pierre Pointue & Pré Clos, par les Fontaniers, Forêt de Clot Jarry, les Rougnons & pied de la Crête de l'Arpion, retour par Source de Pré Porte, Clot Jarry & la Melzerate, depuis P du Mont Guillaume, Embrun, Hautes-Alpes.

Ce Tour de l'Aiguille, Pierre Pointue et Pré Clos ne correspond pas précisément au projet que m'avait soumis l'Ours pour notre première randonnée en crampons de l'hiver suite à son expérience à Clot Jarry à l'occasion de sa dernière randonnée dominicale avec la Marmotte :
- le peu de neige rencontrée était tellement béton et glacée que je pense que nous serons bien plus à l'aise en crampons qu'en raquettes !
C'est par une route entièrement sèche au macadam bien détérioré par les fortes pluies de la fin de l'année (risquant de sérieusement compliquer l'accès à nos randonnées préférées même en été, Solenn et Philippe devront peut-être bien se concentrer sur le Pouzenc et ses satellites !?) que ma Panda nous a vaillamment convoyés au parking de la Forêt du Mont Guillaume sur lequel nous précédait un groupe de skieurs alpins prêt pour le top départ :
- vous montez au Mont Guillaume ?
- non, à la Crête de l'Arpion !
- nous vous suivrons un temps en crampons, ce doit être bien gelé !
- oui, mais ça décaille vers 11h et c'est encore bon !
- vous pensez qu'ensuite nous allons passer à travers ?
- non c'est déjà bien dense !
- alors nous nous reverrons sûrement !
et ils sont partis skis sur le sac d'un bon pas.
Nous avons choisi de chausser les crampons dès le départ en prenant hors sentier tout droit dans la pente herbeuse jusqu'à la première neige effectivement bien tendue quelques dizaines de m en aval des Fontaniers. Pour, la pente s'accentuant dès la Forêt de Clot Jarry, constater que la neige béton n'était pas au rendez- vous et, une fois la piste des Séyères atteinte, commencer à nous enfoncer à tous les pas. Tandis que l'Ours, ayant brièvement observé entre 2 mélèzes le culot relativement conséquent d'une avalanche au pied de la pente Nord-Est du Mont Guillaume, souhaitant en voir plus, décidait de monter par la crête en rive droite de la combe des Rougnons jusqu'à ce que, n'en pouvant plus :
- Hélène, je me suis encore trompé de matériel, aujourd'hui c'est les raquettes qu'il nous fallait; c'est pas possible ! cette nuit il a dû y avoir ici un voile de brume qui a contrarié le salvateur regel nocturne ! j'abandonne pour aller au plus court voir si la pente opposée, mieux exposée, est plus portante, sinon je ne suis même pas sûr que nous puissions rejoindre la crête Sud-Ouest de Pierre Pointue !
Bonne pioche bien que, encore loin du névé, notre progression y a été bien plus aisée pour, chemin faisant bien aidé par la trace des skieurs dans la partie la plus pentue, en profiter pour grimper jusqu'au collet Ouest de la bosse cotée 2342m au pied de la Crête de l'Arpion, où nous sommes arrivés quasiment à 12h sonnantes pour un idéal pique-nique des plus panoramiques en espérant être ainsi à la première loge pour observer la descente des skieurs.
Le soleil y fut ardent au point de nous faire prendre un coup de chaud un 31 janvier, d'où notre souhait de descendre à l'ombre à l'Aiguille par le vaste couloir Nord-Est, normalement facile à rejoindre par une petite traversée un peu exposée à l'amont de laquelle j'ai exprimé le souhait de ne pas m'y risquer, l'Ours obtempérant sans même protester pour, une fois à l'Aiguille, m'avouer :
- de toute manière, vu la manière dont nous nous enfoncions, rien ne prouve qu'il n'y ait pas une couche fragile encore plus profonde; pour minimiser le risque il ne fallait surtout pas traverser et descendre par un tout droit aussi pentu que ce soit, tu aurais encore moins aimé que la traversée que nous avons pratiquée dans du 45° plein Sud sur une neige bien transformée suivant la technique bien connue du passage par la boîte aux lettres, pour le cas où malgré tout ça déclenche avoir le plus de chance possible de rester en surface.
Du sentier du Lac de l'Hivernet à l'Aiguille par le fond du talweg aussi enneigé est toujours aussi ludique et bien plus impressionnant en pareilles conditions où nous nous serions presque crus sur un glacier crevassé tant l'étroitesse de ses deux rives et leur chaotique relief accentué par leur surélévation neigeuse, aux bords verticaux de plus de 1,10m d'après le bâton de l'Ours, en renforçait l'illusion.
La piste forestière des cabanes rejointe, nous l'avons suivie sur à peine une encâblure avant de prendre tout schuss droit dans la pente pour rejoindre au mieux la clairière de la Source de Pré Porte sur une neige à la fois dure et cassante où un pied passait à travers tous les 3 ou 4 pas, désagrément ô combien contrariant pour mon adducteur droit qui n'a rien trouvé de mieux que se mettre en boule en déclenchant une horrible crampe en même temps que je voyais l'Ours se frictionner le quadriceps, bien piètre réconfort !
Après une petite pause tout en profitant des derniers rayons de soleil enfin retrouvés, la route forestière de Clot Jarry rejointe, c'est sans encombre que nous avons rallié le parking à 50m duquel subsistait la seule plaque de glace vive rencontrée.
En conclusion : si nous ne nous sommes pas autant régalés qu'espéré et avons dû renoncer à l'ambitieux bonus de l'Ours, ce fut une bien belle journée au grand air de nos montagnes et c'était bien suffisant comme ça, n'ayant plus le tonus des années passées. Nous n'avons pas revu les skieurs mais sommes certains qu'ils sont bien rentrés puisqu'il n'y avait plus leurs voitures.

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