Incursion hivernale dans le Cirque de Morgon, au plus direct, depuis l'Abbaye de Boscodon, Crots, Hautes-Alpes.

Depuis son exploit de 2014, la coéquipière la plus fidèle de l'Ours en rêvait : "retourner dans le Cirque de Morgon en hiver !". Malgré les apparences et les préjugés, nous avons profité des conditions de neige exceptionnelles en altitude pour passer du rêve à la réalité. Ainsi nous avons pu rejoindre, crampons aux pieds, sans la moindre difficulté et avec une prise de risque minimale les Portes de Morgon par sa spectaculaire route pastorale. De là, l'Ours pensait profiter de ces excellentes conditions de neige et météorologiques pour grimper pour la première fois en hiver jusqu'au Pic. C'était sans compter avec le refus catégorique de sa coéquipière à l'idée même d'accéder en crête au collet coté 2182 m au Sud-Est du Pic. Alors, conformément à son voeu, il a amorcé son grand giratoire dans le cirque en passant par le principal balcon au-dessus des cabanes et profité de son avance pour, pensait-il, effectuer un A/R en crête, ne souhaitant pas se priver de son fabuleux panorama sur le Lac de Serre-Ponçon. Ce faisant, ayant observé qu'après une brève hésitation au pied de la pente, elle poursuivait dans sa trace, il fit des pas plus courts et plus marqués, puis une fois en crête, se réjouissant de cette décision inespérée, fila; en l'attendant, il continua côté Pic jusqu'au promontoire suivant, histoire de surprendre une bien belle harde de chamois en contrebas et de jouir d'une belle échappée sur la suite de cette crête bien plus effilée et au bout, sur le Pic de Morgon, dont on ne se lasse pas. Au retour, qu'elle ne fût pas sa surprise de retrouver sa coéquipière qui venait à sa rencontre et de se dire "formidable elle est en forme, nous allons pouvoir parcourir cette fabuleuse crête pour rejoindre le sommet atteint en raquettes en 2014 par l'autre côté par lequel nous pourrons facilement reboucler !". D'où sa profonde déception lorsque furax elle lui annonça qu'il n'en était pas question, que ça ne faisait pas partie du projet et qu'elle souhaitait redescendre au plus vite par la trace, lui devant et l'attendant !!!... Par un aussi grand ciel bleu, les orages étant généralement bref, l'Ours dut faire preuve de beaucoup de pédagogie, décrocher le piolet de son sac et en sortir sa longe sécuritaire pour la convaincre que la meilleure solution était bien de poursuivre sur cette crête si toutefois elle voulait bien le suivre. Alors, unis par ce cordon ombilical, le chapeau enfoncé jusqu'à la pointe du nez pour ne pas trop en voir, ne regardant que ses pieds sans un mot, ils ont rejoint la splendide cote 2289 m, que dans l'euphorie de leur première en raquettes, ils avaient qualifié de leur petit Mont Blanc ! Où malgré le souci "et maintenant comment vais-je redescendre de là ?" l'atmosphère se détendit juste un peu car avant la dernière bosse cotée 2277 m la crête s'effile un peu plus. Toutefois, il faudra attendre d'avoir les deux pieds à l'horizontale sur la bosse rocheuse belvédère à 2200 m, terminus de toutes les vieilles traces des skieurs, pour qu'elle retrouve l'objet de son rêve et sa bonne humeur. N'empêche que l'Ours n'en est toujours pas revenu de ne pas avoir vu la moindre trace humaine sur la NV du Pic au-delà des cabanes et de constater que de cette bosse personne n'avait grimpé les 50 derniers m pour ne serait-ce que mettre le nez à la fenêtre au collet le plus bas de la suite de cette crête vers la Tête de la Vieille !? Après un confortable et exceptionnel pique-nique au même lieu qu'en 2014, ils ont bien profité de toute l'ambiance envoûtante de ce cirque magique, véritable piste aux étoiles en en faisant bien consciemment tout le tour jusqu'à la Baisse, afin d'en profiter au maximum et de rallier le Pic Martin Jean bien connu avec un minimum de dénivelé. Elle y est arrivée, certes quelque peu fatiguée, mais au combien heureuse d'avoir réalisé son rêve et profondément soulagée d'ainsi ne pas avoir à retraverser les deux couloirs de la route pastorale. C'est pratiquement au soleil couchant, crampons sur le sac de l'Ours, qu'ils ont dégringolé (avec prudence, car il convenait de ne pas gâcher la fête par une malencontreuse fracture de fatigue !) les 900 m les séparant du parking, conscients d'avoir une fois de plus réussi une superbe randonnée. Pour s'en convaincre, il suffit d'observer l'esthétique de leur trace dans ce cirque mythique, même s'il lui manque le triangle d'accès au sommet de son Pic ! ce sera pour une prochaine fois !?...

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