Pour son projet de la randonnée du jour, l'Ours s'était largement inspiré du Topo reproduit en
2ième vue de notre
photos-reportage en remplaçant l'aller-retour terminal sur la scabreuse arête Nord-Ouest de l'Aiguillette par une descente paraît-il bien plus cool par son arête Nord-Est et retour dans le Vallon du Riou Claret par le couloir de même orientation qui précède la Crête des Cimes et, de là, en se contentant d'un retour par l'itinéraire de montée depuis les Traverses rejointes après avoir traversé les alpages des Sibières et Fontaniers.
Et avait répondu à mon interrogation :
- tu ne penses pas qu'il est un peu trop long en distance et conséquent en dénivelé pour une journée annoncée comme caniculaire ton projet ?
- peut-être bien, mais j'ai pensé qu'en partant très tôt comme nous en avons l'habitude et avec une montée en versant Nord dans une grande forêt nous y serions suffisamment tôt pour avoir rejoint la Crête des Gliérettes avant le coup de chaud, sachant qu'après, tout le temps où nous resterons en crête, nous serons agréablement ventilés par les thermiques; et puis peu importe si nous n'effectuons pas la traversée de l'Aiguillette, ça devrait rester intéressant pour nous qui n'avons encore jamais mis les pieds dans cet immense vallon.
- vu comme ça, je veux bien tenter l'aventure !
Après un départ un peu chaotique pour avoir raté le début du sentier, une fois retrouvé et sorti de sa partie en rive droite du Ruisseau de Aute entièrement raviné et assez pénible, il monte très agréablement en lacets pentus et serrés puis larges et très cools jusqu'à la première ruine en sortie de sa traversée de la croupe bien en aval de la crête des Posterles. De là, traversant en diagonale ascendante à flanc un beau mélézin, il est forcément beaucoup plus herbeux jusqu'à sa traversée du Ravin de l'Adret Morin, pour ensuite serpenter sur la croupe de sa rive droite où les moutons avaient bien tondu la pelouse, il passe à proximité d'une nouvelle ruine au toit de bardeaux de mélèze complètement aplati par le poids des années et de la neige.
Nous avons encore poursuivi par quelques lacets envahis par les mélèzes et bordés à gauche par un très ancien mur de clôture, puis nous l'avons franchi pour poursuivre sur la pelouse bien plus agréable et abondamment cairnée, passé le collet suivant, traversé le plan d'un probable encore plus ancien lac, pour reprendre une diagonale ascendante passant sous les Cabanes en ruines du Rial, à travers une zone de grandes herbes et de grosses mottes pas très agréable. L'Ours qui, trouvant ces ruines très photogéniques, était monté jusqu'à elles, m'a attendu sur la bosse suivante pour m'interroger :
- dis-moi Hélène, au point où nous en sommes, est-tu sûre d'arriver jusqu'au sommet de l'Aiguillette ?
- NON ! aujourd'hui je n'en ai pas les jambes, j'ai déjà trop chaud et la vue de l'arête à monter ne m'inspire vraiment pas !
- c'est bien ce que j'ai cru comprendre ! alors, je te propose de changer d'objectif, en montant de suite à la Crête des Gliérettes dès son premier collet, d'en parcourir en gros la première moitié, pour revenir en descendant par la première coulée verte la plus cool et en rejoignant l'originale croupe entre Fontaniers et les Traverses, vers laquelle j'orienterai la Marmotte pour le rendez-vous de notre pique-nique, je pense que ça lui sera largement suffisant.
-OK, OK, ça me va très bien et ça me soulage !
Ayant moins peiné que prévu pour arriver jusqu'au dit collet, c'est avec plaisir que je me suis ralliée à son idée d'effectuer l'aller-retour jusqu'à la cote 2395m, antécime Sud-Est de Neillère pour notre pause-ravitaillement, beau 360° juste un peu contrarié au Nord par sa proximité avec le sommet, n'empêche que la cuvette cotée 2229m en forme de doline valait bien ce petit effort supplémentaire.
De retour au collet, début géographique de la Crête des Gliérettes, suffisamment large pour que je passe sans crainte, nous l'avons parcourue jusqu'à la première coulée verte au-delà de sa cote maximale de 2404m, moyennant quelques petits passages rocheux faciles, enchaînement varié, très ludique, offrant un vaste panorama, elle m'a bien plu. Descente confortable et traversée de l'alpage un peu en dahu de manière à ne pas perdre en dénivelé pour rejoindre la bien sympathique croupe prévue pour notre pique-nique, sauf qu'entre-temps, à la radio, la Marmotte nous avait prévenus qu'elle en avait assez et abandonnait après avoir atteint la croupe après être passée sous les Cabanes du Rial, l'Ours lui demandant alors de bien vouloir continuer à niveau jusqu'à la croupe suivante à la crête rocheuse agrémentée d'un petit bosquet de mélèzes où nous devrions bénéficier de leur ombrage et de la ventilation des thermiques pour notre pause-pique-nique;
Bingo ! stratégie payante que nous avons bien appréciée.
Au retour, pour que la Marmotte bénéficie de quelques variantes, nous sommes passés par la Cabane de Bernardez et avons contourné la bosse suivante par la droite avant de descendre l'alpage puis le mélézin en rive gauche du Ravin de Cloutet, pour ensuite poursuivre par la rive droite de celui de l'Adret Morin jusqu'au sentier de montée par lequel nous avons regagné St-Barthélemy sans le lâcher et ainsi trouver le bon passage raté le matin.
Certes, bien que nous n'ayons pas connu l'ivresse du sommet de l'Aiguillette, nous étions tous très satisfaits de cette bien belle randonnée et de la découverte de ce vaste alpage qui doit être une véritable merveille les printemps bien fleuris.