La Tête Ouest de Mal Cros, 3086m, n'est assurément pas une destination fréquente en randonnée plus ou moins alpine : c'est seulement le 7 septembre 2016, lorsque avec Monique nous avions accompagné jusqu'au grand lac de Mal Cros notre ami Pascal pour en effectuer son ascension, que j'avais appris que ce relativement discret sommet entre l'inaccessible Pic de Mal Cros pour une modeste randonneuse et sa plus lointaine Tête Est séparée de celle-ci par la profonde et quasi-infranchissable Brèche de l'Homme Étroit pouvait être atteint sans avoir une formation spécifique à l'alpinisme. Il ne s'agissait d'ailleurs pas d'une première pour moi, puisque j'étais déjà venue jusqu'à la prise d'eau du Canal de Mal Cros avec mon amie Sandrine en 2013.
A la demande de la Marmotte, au cours d'un mémorable raid de 3 jours en guise d'entraînement avant un trek assez costaud avec Terre d'Aventure, l'Ours avait été invité à lui trouver 3 grosses randonnées pour un pont du 15 août dans les années 80, il n'avait rien trouvé de mieux que :
1 - Pic de Parières, 3076m, en traversée du Col de Champoléon au Col de Parières, via les Lacs de Crupillouse, depuis les Baumes dans la Vallée de Champoléon, choisi pour ses forts dénivelés !
2 - la Pointe des Moutières, 3052m, en traversée par Val Estrèche et le Glacier du Mourre la Mine (encore conséquent à l'époque !), retour par le Vallon de la Muande et le Refuge du Tourond, depuis leur campement sauvage en face des Borels,
3 - le Vieux Chaillol par l'itinéraire de retour que la veille, suivi de la montée sauvage au Col de Riou Beyrou, avec un retour par l'interminable sentier du Col de Côte Longue et celui en rive droite du Tourond.
Excusez du peu ! au retour, la Marmotte avait explosé la moitié des rivets de laçage de ses chaussures neuves au départ, pour ensuite perdre tous les ongles de ses pauvres orteils.
En août 2002, ils sont revenus passer une semaine dans cette Vallée avec leur ami Louis d'Ollioules, au cours de laquelle ils avaient initié ce dernier à la technique du cramponnage facile sur le Glacier du Mourre la Mine mais, à cette occasion, ce dernier, tout comme la Marmotte, était resté au collet entre la Pointe des Moutières et le Pic du Mourre la Mine, laissant l'Ours poursuivre l'aventure en solo jusqu'à la Tête Est de Mal Cros via le Col homonyme le temps de leur sieste.
Depuis leur prise de retraite fin 2010, l'Ours a, pour leur première année avec le CAF d'Embrun, participé à la sortie au Vieux Chaillol du
3 octobre 2011 en compagnie, entre autres, de Pascal avec qui nous avons ensuite effectué de nombreuses randonnées entre ami(e)s.
Après ce long préambule, il est temps de revenir à la randonnée du jour, qui plus est un mercredi, jour inhabituel de randonnée pour nous puisque nous privilégions les mardis, jeudis et dimanches. Mais, pour cette fois, l'Ours étant indisponible mardi et les prévisions météo vraiment pas optimistes pour le reste de la semaine, malgré l'indisponibilité quasi permanente de la Marmotte ce jour-là, il m'a demandé d'en profiter pour choisir notre destination. Alors, avec en quelque sorte un peu l'envie de le surprendre d'une part et de l'autre en me souvenant de son profond agacement lorsqu'à la
Résurgence du Torrent de Mal Cros en juillet dernier, je lui affirmais mordicus qu'il n'y avait qu'un seul lac dans le cirque de Mal Cros, qu'il se trompait de lieu et qu'il n'avait qu'à regarder la carte pour s'en convaincre !...
- inutile que je regarde la carte, je les ai vus depuis le Vieux Chaillol et la Tête Est de Mal Cros et n'étant pas encore tout à fait gâteux, je suis sûr qu'il y en a au moins 2, certes d'inégale importance mais quand même ! ceci dit, je ne me suis jamais aventuré dans cet étonnant vallon, à l'exception d'un rapide aller-retour, le temps que la Marmotte reprenne son souffle, sur la chaotique assise du Canal de Mal Cros de la Cabane des Parisiens à l'entrée du tunnel en bien piteux état à l'époque (
l’Association Malcros 28 18 qui en assure la restauration et l'entretien ne date que de 2004).
- ce n'est pas vrai qu'avec tout ce que vous avez fait, vous n'avez jamais eu la curiosité d'aller jusqu'à ce si singulier lac, il faudra que nous y allions !
Et bien voilà qui est fait, et bien fait ! car, comme toujours avec l'Ours, la visite a été des plus exhaustives, et même si j'en ai un peu bavé et que je lui ai causé quelques inquiétudes sur ma capacité à rester bien debout sur la vire terminale assez exposée surtout à la descente, doublée du risque de se prendre des pierres sur la tête du fait de la présence de plusieurs bouquetines en amont, d'où son profond "ouf !" de soulagement lorsque nous avons été sur la sente en direction du Col de Navette où, de toute évidence, il en a profité pour bien s'amuser, la descente étant presque une véritable partie de plaisir malgré nos vieux genoux. Et comme en pareil état de décontraction et de réel plaisir à naviguer au coeur d'un lieu aussi insolite, nous n'avons pas hésité une seconde pour passer par le deuxième lac où nous avons pique-niqué à 14h20, avant un singulier retour sur la Pyramide du début du Canal et de notre itinéraire de retour, avec une arrivée au parking à 18h20, record battu au moins pour moi et malgré tout très satisfaite de ma performance.
Pour lui, ayant pris la responsabilité de ma sécurité, les choses ont été nettement plus nuancées et il m'a avoué en guise de débriefing qu'il s'en voulait de ne pas avoir pris son piolet comme si souvent !
- bien que je sois toujours resté en aval au plus près de toi, vu l'état du terrain, j'ai forcément toujours un petit doute sur ma capacité à immédiatement te bloquer en cas de dérapage sans mon piolet et je m'en veux d'avoir commis la faute de ne pas le prendre parce que, si je n'ai juridiquement pas obligation de résultat, j'ai l'obligation des moyens; qui plus est, j'y avais pensé mais, après avoir lu et relu les topos de
Pascal et de
BA42 , je pensais y trouver un couloir du même genre que celui du
Pic Est de Combeynot que nous avions gravi par sa rive gauche et descendu par la droite, et j'ai cru pouvoir me dispenser de le porter pour ne pas m'en servir comme si souvent.
- ce qui se finit bien va bien ! même si nous avons eu de la chance, profites-en pour ne pas trop te mettre les neurones au court-bouillon !...
Pour le reste, en dehors de l'ambiguïté générée par le terme "couloir", les topos de Pascal et de BA42 sont clairs et détaillés avec toutes leurs photos associées, plus les quelques précisions de l'Ours ci-dessus et nos nombreux commentaires sur nos vues du jour, il n'est vraiment pas nécessaire que j'épilogue davantage.