Randonnée apparemment insolite vu sa très faible fréquentation avec aucune trace humaine rencontrée dans sa partie haute que l'Ours avait eu la bonne idée de nous faire découvrir en avril 2017 en la baptisant
le Boussolenc du pauvre également en raquettes; d'un intérêt indiscutable pour les amateurs de nature sauvage, il nous y a fait repasser en traversée poursuivie par celle du Pic de Boussolenc
en juillet 2020 toujours avec le même plaisir. Au plus près de chez eux, rien d'étonnant qu'il l'ait remise au programme avec un rendez-vous sur le parking de covoiturage du rond-point des Orres à Embrun pour 7h en cette période de couvre-feu, tout en sachant très bien que cette fois la Marmotte ne renouvellerait pas son exploit de 2017, même si elle était volontaire pour revenir affronter les rudes pentes de la Forêt du Clot la Saume en attendant notre retour pour un pique-nique encore bien ensoleillé moyennant une petite digression vers l'Ouest pour sortir de l'ombre de cette antécime.
Après un départ de type patinoire depuis les Ribes sur la Route sylvopastorale du Grand Vallon sur un bon km, à partir de la cote 1544m bien à l'ombre du Rocher de la Fère, la neige encore bien conservée était agréable, relativement bien portante dans ses parties dégagées ainsi que sur le poinçonnage glacé sous les sapins et autres épicéas, quoique bien plus désagréable pour les chevilles. Cependant, dès que nous avons eu le nez contre la pente, nous avons eu droit à une neige de type sucre glace légèrement plus humide en surface et qui fort heureusement ne bottait pas; nouvelle belle occasion pour que l'Ours exprime tout son art du traçage, mais comment fait-il pour même avec un seul bâton (séquelles de sa tendinite au poignet gauche !) continuer imperturbable pendant des heures toujours au même rythme, à avancer ainsi sans personne pour le relayer ? mystère !
La sortie progressive du mélézin en rive gauche d'une mini-combe suspendue sur l'épaule Nord-Est de cette antécime sur une neige aussi douce fut un réel émerveillement, une totale surprise pour moi qui avait encore en tête ma froide fureur de 2017 à l'issue d'une éprouvante traversée en dahu d'où ce pressant rappel en réponse au message d'invitation : "OK pour demain (sans dahu, SVP !)" et BRAVO pour l'Ours qui a bien mieux géré cette rude grimpette où je n'ai eu qu'à suivre ses pas toujours bien marqués et stables.
Cet alpage suspendu plein Nord qui a, en bien plus petit, un étrange air de famille avec celui de la Montagne Pellat bien que plus Nord-Est, conserve très bien la neige et offre un splendide panorama à ses très rares visiteurs, ce qui permet à de nombreux chamois d'y vivre tranquillement. Plus soumise à l'érosion éolienne, la neige y est évidemment moins régulière avec quelques plaques dures et petites portions croûtées, quelques lambeaux émergents tachés en jaune par le sable du Sahara, mais dans l'ensemble encore beaucoup de portions meubles très agréables que nous ne nous sommes pas privés d'exploiter au maximum en faisant très consciencieusement le tour de ce plan incliné, légèrement vallonné et au contour abrupt et déchiqueté Nord-Ouest et Nord-Est de son point culminant à 2569m même si, avec l'âge ou le manque de temps, l'Ours ne s'est pas aventuré plus loin sur son arête Sud-Ouest, souhaitant rejoindre la Marmotte suffisamment tôt pour bénéficier d'un encore bon ensoleillement pour notre pique-nique. Vu les conditions de neige du jour, nous aurions très bien pu agrandir la boucle jusqu'à proximité de la cote 2360m avant de la refermer, mais nous avons préféré passer par le gros et très vieux cairn qui orne un petit éperon central à environ 2480m, qui n'a pas droit de cité sur l'IGN; réel début de notre folle descente où l'Ours s'amusant à surfer avec ses raquettes a immédiatement disparu dans la forêt rejoindre la Marmotte en me laissant à mon grand désespoir loin derrière, au point de s'interroger du temps que je mettais à les rejoindre, comme si j'avais sa même technicité, aisance et quadriceps pour un tel exercice, non mais ça va pas la tête ! si en 2017 j'avais fait ma crise à la montée, en 2021 ce fut à la descente, faut bien un peu changer pour le maintenir en éveil.
Le calme revenu, le pique-nique dans l'estomac, la pente plus douce quoique ! au rythme de la Marmotte le retour fut des plus cools avec quelques variantes pour visiter et surtout rester dans le bonne neige le plus longtemps possible jusqu'à retrouver la Route de Grand Vallon où nous avons revu les premiers bipèdes. Comme entre temps le ciel s'était bien chargé, avec la température restée fraîche, pour regagner le départ, nous avons encore eu droit à de grosses plaques de glace, contrairement à la soupe que nous craignions devoir affronter.
En conclusion, même si cette randonnée des plus physiques nous a bien secoués, nous en restons très heureux, tellement la cerise de la partie haute est toujours aussi magique et l'excellente qualité de la neige dans la Forêt du Clot la Saume nous a agréablement surpris.