Pour notre petite randonnée dominicale, nous avions convenu de satisfaire le souhait de la Marmotte de se contenter des traditionnelles couleurs d'automne sur le Ruban, mais vu la très belle météo de samedi, c'était sans compter sur le regret de l'Ours de ne pas en profiter pour monter un peu plus haut tant que c'est encore possible à pied sec ! Et de nous proposer cette originale visite automnale en rive Sud-Est du célébrissime Cirque de Morgon loin de la cohue estivale dont le principal objectif est de repasser par sa zone dolomitique et sa très originale arche au Nord-Ouest de l'Enduchet, sommet non nommé sur aucune carte, seulement coté 2378 m sur l'IGN, ainsi baptisé en référence à l'impressionnant entonnoir du ravin du Torrent homonyme qu'il domine, par Denis Mathieu et Hubert Tassel dans leur ouvrage "60 Sommets en Ubaye / Randonnées sans corde" aux Editions du Fournel, dans lequel ils précisent : "Du petit dôme sommital herbeux où se trouve un cairn, la vue est époustouflante sur l'Ubaye, le lac de Serre-Ponçon et la Haute-Durance"; pour y être souvent passés nous confirmons.
Plus modestement et pour partiellement dédouaner l'IGN, il convient de préciser :
- que ce sommet est 1 m plus bas que l'antécime, 2379 m, de l'Aiguille,
- que le point culminant de toute la crête du Cirque de Morgon, dont le panorama est tout aussi "époustouflant", se situe à la Tête de la Vieille, 2381 m,
- que l'antécime Nord-Ouest, 2368 m, de cette dernière, offre un panorama plus étendu sur la branche Ubaye du Lac de Serre-Ponçon et présente la meilleure silhouette depuis la vallée,
- et qu'incontestablement le panorama de très loin le plus "époustouflant" au moins sur la globalité du Lac de Serre-Ponçon est bien à partir du Pic de Morgon, le plus central et véritable totem de cette fabuleuse montagne, dont le profil impressionne les nombreux touristes et autres visiteurs des Vallées de la Durance et de l'Ubaye au grand dam du Mont Guillaume et des Aiguilles de Chabrières, d'où sa surfréquentation estivale; reste que de son sommet la vue sur l'Ubaye est des plus restreinte, il est par conséquent logique que ces auteurs privilégient l'Enduchet.
Le dernier ouvrage publié par Pascal Sombardier "Alpes, randonnées insolites et spectaculaires" (13 décembre 2019), son 26e ouvrage, mettant à l'honneur la spectaculaire Traversée des Ortals de son flanc Sud-Ouest par un très ancien sentier abandonné depuis des lustres qui n'était plus connu que par quelques curieux et autres chasseurs de chamois (bien que figurant déjà en tant qu'Itinéraire N° 23 des Randonnées Pédestres autour de GAP de Marie-Josée et Lucien Fressard au Editions Edisud, soyons courtois et rendons à César ce qui lui appartient !), va à coup sûr en augmenter la fréquentation, car avec le bien plus connu et spectaculaire sentier des Traverses sur son flanc Nord-Est, ils en constituent les deux accès les plus spectaculaires, insolites et sportifs.
Ah ! Pascal Sombardier, l'auteur contemporain le plus apprécié de l'Ours, dont il partage l'insatiable curiosité et le goût de l'exploration-découverte, le potentiel technique en moins, malheureusement ! il possède bon nombre de ses ouvrages; avec la Marmotte ils ne le remercieront jamais assez des extraordinaires découvertes qu'il leur a permis de parcourir, tout particulièrement dans les Dolomites où ils ont crapahuté sur ses traces durant 14 semaines en 4 séjours. C'est dire si la récente découverte de
son blog l'a vivement intéressé; le fait de ne pas trouver dans son répertoire fétiche de toutes les arches naturelles de France et au-delà, celle du Cirque de Morgon constitue la principale motivation de cette nouvelle visite et une certaine fierté de nous y avoir déjà accompagnés, tout comme au belvédère du sommet du très vertigineux éperon Nord de la Roche de Morgon, dont nous n'avons jusqu'à ce jour pas trouvé la moindre documentation.
Pour rompre la monotonie de la piste pastorale des Portes de Morgon, été comme hiver nous lui préférons la crête du Serre des Ducs, d'une rare sauvagerie et d'une esthétique envoûtante, avec ses mélèzes noueux et trapus à souhait, un véritable festival qui nous enchante et permet d'effectuer la traversée du Pic Martin Jean offrant déjà un très beau panorama à 360°. Le fil de sa crête Sud jusqu'à la Baisse, rebaptisée Col de la Baisse, demande un peu d'attention sur les 50 premiers m, toutefois sans grande difficulté. De la Baisse nous avons remonté le premier talweg jusqu'aux doux vallonnements Sud du Cirque de Morgon, traversé en diagonale en passant par la zone d'affleurement du gypse et ses nombreuses dolines en ayant en ligne de mire sa fameuse zone dolomitique qui, exposée Nord, s'est avérée beaucoup plus gelée que prévu au point de rendre pratiquement inopérant le piolet de l'Ours; ajoutez-y un vent du nord sibérien oublié des prévisions météo, une tenue encore automnale, de petits gants et vous comprendrez aisément pourquoi nous ne nous y sommes guère attardés ! avant de trouver un salvateur refuge de l'autre côté de la crête, en Ubaye, pour réchauffer doigts et orteils. Tous nos vêtements sur le dos, sérénité retrouvée, pause-ravitaillement terminée, nous avons plus aisément affronté les frimas et sommes passés par le sommet de l'Enduchet pour ensuite suivre toute la crête avec un petit passage rocheux où il faut un peu s'aider des mains pour franchir le bosse suivante; puis l'Aiguille se passe sans souci même si quelques précautions sont encore à prendre entre son antécime cotée 2379 m et son sommet non coté mais légèrement plus bas, sa descente vers le Pic de Charance est encore plus facile. La Marmotte nous attendait frigorifiée en contrebas du collet malgré son exposition plein Sud et l'Ours n'a pas réussi à nous trouver un abri beaucoup plus confortable, autant dire que nous n'avons pas prolongé le pique-nique par une petite sieste.
De là, la Croix du Pic de Charance, autre intéressant 360°, s'atteint par un agréable alpage; ensuite comme le dénivelé total du jour n'était pas des plus consistant, de retour, nous avons eu le loisir de grimper au sommet de l'éperon rocheux sur sa crête Nord pour la vue sur l'Embrunais, après le Col de la Baisse de descendre directement sur le Lac où subsistait encore un peu d'eau, mais pas suffisamment pour de beaux reflets et, de retour vers les Portes de Morgon, d'effectuer une dernière digression pour visiter la bosse cotée 1923 m, incapables de résister à l'attrait hypnotique de ses terres lie-de-vin, parsemées de jeunes mélèzes d'un jaune flamboyant aux rayons du soleil déclinant; ce festival de couleurs chatoyantes nous a accompagné jusqu'au parking où nous sommes arrivés en même temps que la Marmotte qui avait opté pour un retour plus direct, tous très heureux d'avoir bien profité d'une journée aussi lumineuse.
Panoramique à 360° annoté depuis le sommet du Pic de Morgon, offert par
Topo Randos Montagne
(pour une lecture plus confortable et précise, il est à noter qu’un simple clic sur l'image ouvre un zoom dynamique)