Echec à 2132m GPS sous le Col de Chorges, 2249m, par son versant Sud, les Molles et les cabanes de Jaillet, depuis le parking d'hiver des Chirouzes, 1460m, Chorges, Hautes-Alpes.(2021-01-10 09:20:17 [Suunto App])

Que faire en Embrunais coincés entre le vent impétueux de Nord, Nord-Est de ces dernières 24h et l'impressionnante dépression remontant depuis l'Espagne, sinon partir une fois de plus nous réfugier sur les pentes Sud du Col de Chorges ? Compte tenu des prévisions météorologiques qui nous prévoyaient une atténuation du vent de Nord en matinée et un retour de Sud-Est induit par la dépression espagnole sensé se limiter au Savinois laissant entrevoir le soleil sur la chaîne Piolit-Parias-Pousterle, l'Ours nous avait proposé d'en profiter pour une petite randonnée dominicale d'oxygénation jusqu'au Serre la Croix en programmant un départ plus tardif que de coutume. Malgré notre couvre-feu ramené à 18h par les contraintes sanitaires de nos chères Hautes-Alpes, je décidais de profiter de ce programme particulièrement cool pour prévoir à notre retour à Chorges un petit goûter festif autour d'une galette des Rois bien au chaud chez moi. Sans pour autant réagir lorsqu'arrivés aux cabanes de Jaillet j'ai vu l'Ours poursuivre à flanc du Serre la Croix vers le vallon du Torrent des Réallons sur l'excellente trace des skieurs montant au Piolit, loin d'imaginer que, chemin faisant, constatant que les conditions paraissaient satisfaisantes là-haut, il s'était imaginé de réaliser sa première hivernale de l'accès direct au Col de Chorges, allant même jusqu'à abandonner cette belle trace qui poursuivait trop à l'Ouest à son goût pour attaquer frontalement la pente à l'Est de Pra Gasta, pensant y trouver d'aussi bonnes conditions de neige que celles précédemment rencontrées dans son raccourci pour rejoindre la route pastorale des cabanes de Jaillet. C'était sans compter avec la différence d'altitude et d'exposition, résultat neige croûtée et sous-couche en sucre-glace, une véritable galère ! Au-dessus de la rupture de pente, arrivés sur ce vaste relief bien plus accueillant, nous nous sommes retrouvés à une centaine de m de la belle trace des skieurs qui présentait une très large et étonnante inflexion vers l'Est :
- "j'ai fait une grossière erreur stratégique, nous aurions dû rester plus longtemps sur la trace, est-ce que nous la rejoignons et poursuivons jusqu'à la crête entre le Col de Chorges et le Piolit ou est-ce que nous tentons l'accès direct ?"
- "tu fais comme tu veux !"
Et de le voir partir s'abriter contre un gros bloc, y damer une aire de pique-nique et m'inviter à ce que nous y abandonnions nos sacs le temps d'un aller-retour au col si nous arrivons à franchir le verrou en aval de la petite et débonnaire combe qui y conduit ou peut-être mieux encore rejoindre par une trace en Z la croupe de sa rive droite que nous avons déjà remontée en novembre 2018 . Mais la coalition d'une neige de plus en plus croûtée, d'une sous-couche sans aucune cohésion qui très paradoxalement nous offrait un bon gage de sécurité tout en rendant notre progression des plus pénibles, la forte suspicion de la présence d'une plaque à vent au-dessus de la barre rocheuse sur la trace en Z pour rallier la croupe de la rive droite envisagée depuis le bas, et mes difficultés à trouver des appuis pour progresser dans sa trace, a eu raison de notre bonne volonté et nous a fait capituler en rase campagne.
Bien nous en a pris car, de retour, nous constatons que la Marmotte est visiblement à la peine encore dans le talweg du Torrent des Réallons et interroge à la radio l'Ours pour s'informer de nos intentions; comme il souhaitait que nous rebouclions par Clot Rond, Combe Belle, Coste Lébrière, les Combes, Serre Michèle et Naune Raze, il lui demande si elle veut bien encore monter jusqu'au sentier de liaison où nous installons le pique-nique. Nous en sommes quasiment à la fin de nos sandwiches lorsqu'elle arrive bien fatiguée à 13h40 où je me vois obligée de les informer de la petite réception prévue pour notre goûter, nous décidons alors d'un commun accord d'abandonner le projet de retour pour rentrer au plus court par la même trace que la Marmotte reprend immédiatement en sens inverse; derrière nous couperons pour profiter le plus possible de la belle poudreuse dans les pentes les moins raides. De retour sur la route pastorale, la Marmotte ayant retrouvé un bien meilleur pas et répondant positivement à l'Ours lui demandant si elle avait encore suffisamment de jambes pour couper dans la profonde, nous avons pratiqué une descente des plus ludiques dans les Molles et son incroyable foisonnement de traces animales.
Arrivés sur le parking à 15h40, bingo, nous sommes parfaitement dans les clous pour ma petite réception et leur retour sur Embrun avant 18h sans la moindre précipitation et, bien que cette randonnée soit des plus modestes, nous présentons tous des courbatures tant les efforts demandés par moments furent intenses.

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