Tour + sommet des Brinquièrs & du Serre du Mouton, par Pra Goudin, la Chabanne, Clot des Aurans, Pièce Ronde, Pierre Rouge & Croix du Vallon; retour par la Réserve, depuis la Station de Réallon, Réallon, Hautes-Alpes.

Tour et sommet, 2034m, des Brinquièrs, après une première reconnaissance des lieux le le 2 novembre dernier en guise d'hors-d'oeuvre d'une épopée autrement plus hasardeuse, nous avions hâte d'y revenir lorsqu'ils seraient tout de blanc vêtus; ç'aurait déjà dû être pour dimanche dernier si, arrivé sur le parking de l'ex-gare de Savines, l'Ours n'avait pas constaté l'oubli de ses raquettes d'où notre retour précipité sur Embrun pour une randonnée de rattrapage sur la contre-pente de la Crête de l'Arpion en amont des Rougnons, salutaire contretemps dont nous n'avons eu cesse de nous féliciter tout au long de cette bien belle randonnée, malgré les douloureuses crampes qu'elle m'a infligé sur son long retour totalement improvisé en fonction de ces malencontreuses circonstances.
En effet, dès le départ, tout était en place pour nous aider à réaliser ce tour dans les meilleures conditions possibles :
- la neige, ayant été copieusement arrosée et tassée par la pluie battante de jeudi dernier, était bien portante suite au bon regel nocturne,
- certes la Station était ouverte, mais la piste rouge des Scorpius fermée nous a offert son boulevard pour monter jusqu'à la Chabanne,
- le Téléski de Fond Garnière également fermé, nous n'avons eu à traverser avec prudence que la piste rouge Aquarius,
- avant de rejoindre la bleue du Lac qu'il nous a suffi de remonter jusqu'à l'aval du Lac pour nous extraire de toute la partie ouverte du domaine alpin,
- d'où nous avons rejoint presque à niveau, en amont de Pièce Ronde, la piste pastorale de la cabane de berger de Pierre Rouge,
- remontée jusqu'à l'aval de cette dernière moyennant quelques légers enfoncements intempestifs nous laissant craindre le pire pour la suite,
- pour continuer sur le sentier de la Cabane du Fond Renarde jusqu'à son franchissement de la large croupe en amont de Pierre Rouge,
- où, contre toute attente, nous avons fort agréablement retrouvé une neige béton qui ne nous a plus jamais fait défaut, jusqu'au parking, véritable bénédiction !
- car avec nos raquettes très alpines, la rude grimpette dans le mélézin avant de ressortir en crête à la verticale de la cabane n'a été qu'une simple formalité que nous avons appréciée à sa juste valeur;
- sur cette courte crête, nous avons pris le temps de savourer l'esthétique de son sauvage décor depuis le sommet de la très élégante Aiguille des Brinquièrs jusqu'à la cabane sur sa butte protectrice en rive droite de la combe à nos pieds,
- en pareilles conditions la remontée du petit vallon suivant, entre la crête Nord-Est des Brinquièrs et la Crête de Chabrières, a été bien au-delà de nos espérances :
- tous les blocs de ce chaos rocheux sous leurs épaisses carapaces blanches nous ont offert un festival de forme digne d'un somptueux décor hollywoodien où nous étions seuls au monde !
- même si deux randonneurs, un à ski, l'autre en crampons nous y avaient précédés, leurs traces étaient difficiles à voir tant la neige y était dure et je les aurais probablement ignorées sans la perspicacité de l'Ours,
- après m'être bien chauffé les quadriceps dans ce véritable labyrinthe, la trajectoire de l'Ours pour sortir, paraît-il en toute sécurité ce jour-là, en amont du collet sur la crête Nord-Ouest des Brinquièrs a bien failli me mettre KO !
- si, bon prince, après avoir taillé à la pelle notre aire de pique-nique sous la mini-barre rocheuse en aval du sommet il n'était venu sans son sac mais toujours avec sa pelle pour m'aider à franchir la diagonale terminale,
- en amont d'une pente entièrement parcourue par une kyrielle d'impressionnantes, voire inquiétantes fissures !
- "mais non ! si ça craignait, il y a longtemps que ce serait descendu car c'est le poids de la neige mouillée qui a provoqué ces fissures : sans sous-couche et sans pente suffisante, le résultat ressemble à un petit glacier !"
- bien qu'il ait continué à tailler à la pelle une trace pour franchir la petite barre rocheuse soutenant le sommet, je n'ai pas réussi à l'y rejoindre sans mes raquettes après mon coup de pompe !
- après une bonne récupération, confortablement installés sur sa banquette des plus panoramiques avec des conditions météorologiques exceptionnelles pour un 18 décembre, j'ai accepté sa proposition :
- "si au lieu de retourner nous mélanger avec les skieurs, nous repassions par la Croix du Vallon pour ensuite rejoindre au plus direct la piste rouge du départ par le vallon de Fond Garnière, ce serait plus élégant que mon projet ?!"
- " ça représente quoi au juste ?"
- " ça nous ajoute au minimum la remontée jusqu'au collet de la gare d'arrivée du Télésiège de Chabrières, d'où ce sera ensuite plus pentu, mais plus court et ça nous évite de côtoyer les skieurs !"
- "OK, mais un minimum de dahu et j'effectuerai une remontée des plus lentes car aujourd'hui j'ai les jambes lourdes !"
- la descente suivie de la traversée jusqu'à la piste de ski s'étant avérée cool et la neige toujours aussi portante, dès que possible nous avons quitté le bord de la piste damée pour remonter au plus court jusqu'à l’épingle de l'ex-piste de luge,
- que j'ai intégralement remontée, tandis que l'Ours n'a pas hésité à passer pour la nième fois par le belvédère le plus haut de la Croix du Vallon, pour me rejoindre par la crête à celui juste en amont de la gare d'arrivée du Télésiège,
- c'est en le suivant sur le fil de la crête en direction du Serre du Mouton qu'en aval du belvédère spécialement aménagé pour les skieurs j'ai été stoppée net par de violentes crampes aux adducteurs, m'obligeant à solliciter le retour le plus doux possible par la trace de montée de l'initiation au ski de randonnée, sur laquelle j'ai encore pu me soulager les jambes en déchaussant mes raquettes et en retournant au parking pédibus !
- et tant pis pour le raccourci que l'Ours souhaitait me faire découvrir après l'avoir testé l'année dernière en compagnie de ses petits cousins et de la Marmotte.
- en fait, en dehors de ces malencontreux inconvénients probablement lié à mon manque d'entraînement et surtout à la dureté de la neige qui nous a bien secoués des talons aux cervicales, il faut bien comprendre que ce sont ces mêmes conditions qui nous ont sûrement permis de réaliser cette très originale et bien belle randonnée dont tout particulièrement le tour des Brinquièrs, probablement autrement plus compliqué en d'autres conditions de neige.

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