le collet coté 2769m sur la Crête de Pra Francès, en A/R par Bas Quigouret, Pra du Jas, Bergerie d'Andrevez et Pra Francès; depuis la cote 1530m sur la D 60, Ceillac, Hautes-Alpes.(2021-04-01 07:19:34 [Suunto App])()

Toujours en convalescence, j'ai laissé la Marmotte et l'Ours fiers de leur expérience de dimanche dernier au Vallon du Crachet croire la jouer malin en souhaitant récidiver dans le long Vallon des Pelouses, sauf que le départ est bien plus bas et qu'entre-temps les températures ont atteint des sommets, alors ils ont joué à sauve qui peut, l'Ours se contentant du collet coté 2769m sur la Crête de Pra Francès. Preuve s'il en est que si les Ours à quatre pattes sont généralement très malins bien aidés par la sélection naturelle, les bipèdes sont nettement plus à la peine; avec un +6° à 7h au départ d'Embrun, le doute avait déjà pointé son nez et l'ampleur constatée du déneigement, même à l'ubac, en montant sur la route de Ceillac en a ajouté une couche mais, gardant malgré tout une note d'optimisme, ils ont attaché leurs raquettes sur les sacs et sont partis avec l'espoir que, même pas gelée, la neige serait suffisamment tassée pour leur réserver un accueil acceptable. Ils chaussèrent leurs raquettes à Bas Quigouret, l'illusion s'est maintenu grosso modo jusqu'à l'attaque de la portion la plus pentue de Pra du Jas, début d'une galère sans nom pour arriver à progresser dans une neige mouillée et par secteur entier complètement pourrie, l'Ours tentant malgré tout un ultime damage pour faciliter au mieux la progression de la Marmotte loin derrière, tout en gardant le secret espoir que plus haut ce serait forcément meilleur.
La traversée sous la Crête d'Andreveysson jusqu'à l'entrée du Vallon des Pelouses sur la piste bien damée par les skieurs leur redonna courage et espoir. Mais ce fut de courte durée car dès l'entonnoir d'accès au vallon, entre les nombreuses et conséquentes purges, l'enfoncement était encore plus important pour finir en apothéose dans la traversée du torrent où il décida d'abandonner son projet de remonter le Vallon des Pelouses jusqu'au Pas du Curé et prit la tangente pour rejoindre non sans mal la Bergerie d'Andrevez pour sa pause-ravitaillement et s'inquiéter par la radio de comment ça allait à l'arrière :
- très doucement et malgré ton damage par endroit je passe quand même à travers !
- oui, c'est vraiment galère, 2h30 pour 721m de dénivelé, un record ! du coup j'ai changé d'objectif, je suis à la Bergerie d'Andrevez, idéale pour le pique-nique, si tu pouvais y arriver, je viens de ravitailler, j'ai déjà les quadriceps en feu, alors en t'attendant, je vais aller voir l'état de la combe Nord-Ouest de la Pointe de la Saume qui devrait être bien meilleure et je reviens ici pour le pique-nique !
- OK, tu verras bien si j'y suis !...
Nouvelle galère pour rejoindre le collet au-dessus et à l'Est de la Cabane qui, très bien restaurée, n'a rien d'une bergerie, de là ayant retrouvé le sentier qui coupe à flanc, bien damé par les skieurs, sa progression s'est nettement améliorée et dans la combe, excepté quelques rares passages à travers au début, il a ensuite retrouvé des conditions quasiment identiques à celles du Vallon du Crachet et son aisance habituelle si sa saturation musculaire n'était pas aussi avancée. Résultat 1h pour encore grimper de 500m, pour malgré les crampes arriver à mettre le nez à la fenêtre au collet coté 2769m sur la Crête de Pra Francès, capturer ses panoramiques et descendre en 15 mn les 400 premiers m de dénivelé jusqu'à son sac abandonné sur un gros bloc. Mais au-dessous quelques beaux plongeons l'ont très vite ramené à la raison, descendre à petits pas avec une prudence de Sioux avant de s'embourber dans la mélasse à un tel niveau que, du collet, il rallia la cabane toujours en raquettes mais par la pelouse déneigée et recouverte de crocus où la Marmotte n'était toujours pas arrivée. Renseignement pris à la radio, elle n'en était encore qu'entre les premières purges au début de l'entonnoir et en avait plus que mare de galérer, alors il ne lui restait plus qu'à la rejoindre par une corvée transpirante bien pire qu'à l'aller, plus rien ne tenait et ses quadriceps devenaient de plus en plus douloureux, résultat il était 13h passé quand il se sont rejoins au milieu d'une coulée, pour un rapide pique-nique en aval entre deux purges et retour vers le bas au plus vite, l'Ours devan, redamant du mieux possible et miracle, la pente aidant, il s'en sortirent bien mieux qu'ils ne le craignaient, moyennant une petite pause à Bas Quigouret le temps de faire sécher les raquettes avant de les attacher sur les sacs, pour un retour au parking à 16h bien contents d'y être arrivés sans encombre et bien décidés à ainsi clôturer leur saison raquettes.