france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/isere/grenoble/isere-en-voulant-suivre-son-gps-pour-se-rendre-a-une-soiree-un-jeune-homme-passe-la-nuit-bloque-sur-une-via-ferrata-a-200-metres-d-altitude-2642840.html
A 21 ans (il y a bien longtemps donc; avant les GPS, les smartphone etc.) il m'est arrivé à peu près la même chose. Également en Chartreuse.
Parti faire une balade tout seul, encouragé par le beau temps et les paysages magnifiques, je me suis retrouvé au sommet du Grand Som, monté en rando (sans skis ni raquettes). En me rendant compte de la tombée rapide de la nuit, j'ai craint de rentrer à ma voiture à la nuit et rentré en retard chez moi. Je descends donc du sommet à la quatrième vitesse. Pour éviter une boucle et gagner du temps, je décide après lecture hasardeuse d'une vieille carte peu lisible (Didier&Richard 1/50.000 de l'époque) que je gagnerais du temps en coupant tout droit. Sauf qu'il y avait une barre rocheuse 'et même plus: une falaise)....
J'ai commencé par débarouler dans un couloir à avalanche empli d'humus et de neige fondue, cul par-dessus tête en prenant de plus en plus de vitesse, attendant tout simplement d'y rester car je n'imaginais pas pouvoir éviter un rocher. Dans une lueur d'instinct de survie, je me décide à essayer de ralentir ma course folle et j'y parviens, 2 mètres avant la falaise. Contusionné, je reprends mes esprits. Je domine le monastère de la Grande Chartreuse. Je siffle et crie aussi fort que je peux mais rien; personne ne bouge. Trempé jusqu'aux os, immobile sur ma vire dans le froid qui tombe alors que le soleil est couché, je comprends que personne ne me cherchera là et je me dis que je ne passerai pas la nuit. Après 1/2 h d'hésitations et d'attente, je décide de commencer ma descente par la falaise (sans cordes), en désescaladant, sautant de vire en vire, une fois même en me pendant à un arbrisseau qui pliait sous mon poids pour réduire la hauteur. Tout cela jusqu'à ce que je me trouve sur une paroi où les prises viennent rapidement à manquer. Il fait noir. Le sol en dessous de la falaise n'est plus très loin mais quand même. A bout de force je lâche tout en ayant comme réflexe de repousser la falaise pour me projeter le plus loin possible d'elle. J'atterris 8 mètres plus bas dans un petit pierrier assez pentu comme il y en a au pieds de certaines falaises. Il m'a sauvé. Ma chute a été amortie par la pente et le tas de pierre. Je peux rouler dans ces cailloux de manière à amortir le choc. J'ai très mal partout, notamment au bassin mais je suis vivant. Je parviendrai à ramper jusqu'au sentier que je convoitais en choisissant le "raccourci" et qui me permettra de revenir à ma voiture garée sur le parking de la correrie. Je parviendrai à rentrer à Corenc par le col de Porte en voiture, en conduisant à 30 km/h max car j'ai mal partout. J'avais quand même trouvé une cabine pour prévenir mes parents en leur disant "que j'allais bien" mais quand m'a mère m'a vu apparaître à la porte, elle a failli s'évanouir. Je ne m'étais pas vu mais de toute évidence, je n'étais pas beau à voir. Elle m'emmena illico à l'hôpital de la Tronche pour des examens qui n'ont décelé aucune fracture. Juste des contusions. Les médecins en entendant mon aventure me trouvaient chanceux. La même après-midi un randonneur avait dévissé dans le secteur Nord de la Dent de Crolles, pas loin de moi. L'hélico était allé le chercher mais lui il était décédé.
Il y a des jours comme ça où il vaut mieux avoir son VisuGPX avec soi et surtout éviter d'enchaîner les conneries comme je l'avais fait. Ça m'a servi de leçon. Mon père qui m'a tout appris en orientation était très déçu de cet épisode et m'en voulait mais évidemment, il était tout de même content que ça se soit bien terminé.
L'Esprit de Saint Bruno a plané sur le secteur et m'a bien assisté ce jour-là, contrairement aux moines...
😳 Ah ouaaaaaais, donc en fait le naufragé de cette nuit est un mickey par rapport à toi !
Chaud Chaud chaud 🥵
Quelques questions, entre le moment où tu prend le couloir et le moment où tu glisses, il s'est passé quoi exactement ? Je connais bien le coin, c'était où exactement ? Direct dans la pente après avoir récupéré l'arête au dessus de bovinant ?
Je t'ai fait la version courte (sic). Au moment où je quitte le sentier, il se passe un petit peu de temps. Je descend dasn la pente. Premère petite barre de 2 m que je saute sasn problème (mais qui me coupe quand même un peu le chemin inverse). Je continue dasn la pente qui s'accentue. Avec la première neige de novembre, on est à la limited de la neige. Elle a fondu dans la journée dans
le bois mais l'humus est bien gorgé d'eau. Je glisse et c'est là que je ne peux pas m'arrêter avant environ 20-25 mètres (très difficile d'estimer). Je sais juste que quand je me suis arrêté, je me suis dit que je ne pourrai pas remonter sans risquer de re-glisser. D'où ma décision de désescalader au lieu de remonter. Je me considérais déjà miraculé, j'allais pas retenter le diable. Donc il y a eu 2 phases après avoir quitté le sentier au col:
1) une descente raide mais gérable, avec pente de + en + raide, avec petite barre sautée qui se termine en haut du couloir.
2) le couloir dans lequel je m'embarque mais où je glisse, débaroule puis finis par m'arrêter, probablement grâce à une réduction de la pente juste avant le grand saut 🤢 .
Ensuite, une falaise avec plein de vires, où on peut désescalader, sauter de vire en vire en s'accrochant un peu aux rares arbres de la falaise, qui se termine par une belle paroi de plus de 10m (j'étais déjà sous le niveau de la cimes des épicéas dont les plus proches étaient environ à 5-7 mètres). J'ai réussi à en descendre une partie mais n'étant pas équipé d'autre chose que des grosses godasses de rando de l'époque et dans le noir, pas facile de trouver les prises des pieds en désescaladant.
Admin a dit :c'était où exactement ? Direct dans la pente après avoir récupéré l'arête au-dessus de bovinant ?
Non, bien plus au Sud. Juste au-dessus du monastère , en dessous du Col du Frenay.
Sur la TOP 25 il y a un sentier mais sur ma D&R de l'époque, je ne me souviens pas qu'il y en avait. En il y avait un pli juste à cet endroit et la carte était usée. Avec la pression que je m'étais mis et ce problème de carte, j'ai été trop vite. On voit que je n'étais pas loin d'un passage mais je n'ai pas eu le loisir de choisir mon passage bu que je me suis laissé embarquer dans la pente avant. Sur une 1/50000e on n'a pas ce niveau de précision. C'est pas pour rien qu'on est passé au 1/25000.
Admin a dit :le naufragé de cette nuit est un mickey par rapport à toi !
Oui, j'avoue. Lui il avait son téléphone. Initialement je m'étais dit que j'attendrais les secours mais quand je me suis refroidi et que j'ai vu que j'étais trempé, je me suis dit qu'avant qu'ils me trouvent, je serais déjà en hypothermie. Mon père savait où j'allais avec la voiture mais je n'avais pas l'intention de monter au Grand Som. Juste au col de la Ruchère. Au pire le Petit Som. J'avais pas de frontale donc pas possible de me signaler dans la falaise. Je savais siffler fort mais bon, les moines ne m'avaient pas entendu. J'ai vraiment balisé. Au moins, en étant acteur, avec l'adrénaline ça allait mieux. N'empêche; rentrer à la bagnole en rampant parce que je pensais m'être brisé le bassin tellement j'avais mal, c'était pas trop cool 😭 (s'il avait été vraiment brisé j'aurais pas pu le faire mais je le savais pas).
Admin a dit :j'irai à l'occase !
Tu me donnes une idée. Je vais planifier d'y retourner avec mon fils grimpeur et une corde de rappel pour essayer de refaire (en safe) l'itinéraire 36 ans plus tard.
Tout est encore imprimé dans ma mémoire. J'ai l'impression que je reconnaîtrais les lieux une fois sur place (peut-être pas exactement au départ car dans les bois là haut ça manque de repères).
Il a eu de la chance le jeune... Et vous aussi Angstrom. 😜
D'où l'intérêt du fond de sac, certes ça pèse un peu mais, un jour, ça peut servir !
Quand je vois le nombre de gens en baskets lisses avec des sacs de 2 litres et qui demandent, "y'a bien un sentier là, ça passe ?"
Je réponds toujours :"qu'indique votre carte ?", "Ben on n'en a pas...."
Du coup je ne dis rien, on ne connait pas le niveau des gens... C'est toujours délicat de donner des infos. Mon beau frère qui est dans un PGHM m'en raconte des vertes et des pas mûres, qui ne se terminent pas trop souvent bien 🤢
Profitons cependant de nos belles montagnes avec Visu ET nos cartes papiers et boussole ! 😇